Les techniques d’identification des essences et des origines géographiques
L’anatomie du bois : Cette méthode relativement
simple consiste à examiner la surface d’une coupe de morceau de bois massif à
l’aide d’une lentille manuelle ou d’un microscope. La structure des cellules et
des pores peut être comparée aux informations de référence pour identifier le
genre ou l’espèce. Cette méthode présente des limites importantes. La précision
du jugement dépend du niveau de variation entre les espèces et la disponibilité
d’images de référence. Elle peut également être onéreuse car elle nécessite la
participation prolongée d’anatomistes du bois hautement qualifiés. Des systèmes
portables automatisés ont été conçus pour être utilisés par des non-initiés,
mais ils en sont au premier stade de développement et, pour l’instant, ils ne
peuvent être utilisés qu’avec un nombre limité d’essences. De plus, cette
technique ne peut être utilisée que pour des produits en bois solide.
L’analyse des fibres : Elle peut être utilisée
pour les produits de pulpe et de papier dont les fibres individuelles de bois
sont examinées avec un microscope. Bien qu’il soit rarement possible de
reconnaître une essence de cette façon, cette technique peut être utilisée pour
établir si un échantillon déclaré comme provenant de forêts plantées, contient
en fait du bois provenant de forêts naturelles tropicales.[i]
L’analyse de l’ADN
: En théorie, ceci est la méthode la plus fiable pour identifier les
essences mais elle est plus couteuse que l’examen de l’anatomie du bois. Elle
dépend aussi d’informations de référence incomplètes et de la possibilité de
prélever un échantillon d’ADN utilisable à partir d’un produit.
La spectrométrie
: Potentiellement moins chère et plus facile que l’analyse de l’ADN ou de
l’anatomie du bois, cette technique identifie le bois à partir de la façon dont
il réfléchit et absorbe les différentes longueurs d’onde de la lumière.
Toutefois, les informations de référence sont encore moins bien développées que
pour les autres méthodes.
L’analyse de l’AND :
En théorie, elle peut être utilisée pour réduire les origines géographiques
possibles d’un échantillon d’une essence de bois donnée, en étudiant les
variations dans l’ADN des individus d’une même essence en fonction de leur
répartition géographique.
L’analyse d’isotopes
stables : Elle utilise la variation naturelle dans la proportion de
différentes versions d’éléments atomiques telles que le carbone, dans des
échantillons individuels de bois. Cette proportion varie en fonction du sol
dans lequel pousse le bois.
Ces deux méthodes
présentent un gros potentiel mais leur applicabilité est pour l’instant limitée
par l’absence de données de référence fiables pour des échantillons dont l’origine
géographique est connue. Même lorsque ces données de référence existent, elles
peuvent ne pas avoir une résolution suffisante pour déterminer l’origine
géographique de façon assez précise pour permettre d’établir la légalité ou
l’illégalité. À ce jour, le seul exemple d’utilisation de telles données pour
établir la légalité du bois a été l’utilisation d’isotopes pour déterminer si
le bois de chêne provient de l’Extrême-Orient russe ou des zones voisines en
Chine.[i]
Des bases de données d’isotopes et d’AND ont également été
développées pour les essences tropicales les plus commercialisées d’Afrique
centrale et d’Afrique de l’Ouest, mais il semble que leur résolution permette
au mieux de déterminer seulement le pays d’origine.[ii] Des
bases de données suffisantes pour établir le pays d’origine d’un certain nombre
d’autres essences tropicales d’Asie et d’Amérique latine, y compris le merbau[iii], le teck et l’acajou[iv] existent
aussi. Il reste encore à démontrer que l’analyse de l’ADN ou des isotopes est
assez fiable pour établir plus précisément l’origine géographique, comme une
région ou une concession. Des tentatives réalisées pour tester la capacité à
utiliser ces bases de données pour établir la concession d’origine du merbau en
Indonésie[v] et de l’iroko et du sapelli au
Cameroun[vi] ont suscité un certain espoir.
Cependant, les degrés de confiance obtenus (environ 70%) seraient insuffisants
pour des poursuites judiciaires et il reste à savoir s’il serait faisable
d’obtenir les niveaux de prélèvement nécessaires pour accroître ce degré de
confiance.
À ce jour, dans l’Union européenne, l’identification des
essences à partir de l’anatomie du bois coûte environ 100 à 200 dollars
américains par échantillon et l’analyse ADN environ 300 à 700 dollars
américains.[vii] Les tests isotopiques pour
vérifier l’origine coûte également entre 200 et 500 dollars américains par
échantillon. Il faut attendre entre plusieurs jours et plusieurs semaines pour
obtenir les résultats en fonction de plusieurs facteurs.[viii] Les
coordonnées des organismes pouvant réaliser ces tests sont disponibles sur le
site www.timberinvestigator.info, où les nouveaux développement concernant ces
technologies seront également postés à l’avenir.
[i] EIA, ‘Liquidating the Forests:
Hardwood Flooring, Organized Crime, and the World’s Last Siberian Tigers,
2013, http://eia-global.org/images/uploads/EIA_Liquidating_Report__Edits_1.pdf
[ii] Degen,
B. & Bouda, H., ‘Verifying timber in Africa’, ITTO Tropical Forest Update
24/1, 2015.
[iii] Double
Helix, The State of DNA Technology for Trees and Wood Products, 2011 http://www.illegal-logging.info/sites/default/files/uploads/DoubleHelixAppliedGeneticsForForestsReport072011.pdf
[iv] Scheliha
and Zahnen, Genetic and Isotopic Fingerprinting Methods – Practical Tools to
Verify the Declared Origin of Wood, Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit,
2010, Page 8
http://www.wwf.de/fileadmin/fm-wwf/Publikationen-PDF/Fingerprinting_conf_rep_EN.pdf
[v] Double
Helix, The State of DNA Technology for Trees and Wood Products, 2011 http://www.illegal-logging.info/sites/default/files/uploads/DoubleHelixAppliedGeneticsForForestsReport072011.pdf
[vi] Scheliha
and Zahnen, Genetic and Isotopic Fingerprinting Methods – Practical Tools to
Verify the Declared Origin of Wood, Deutsche Gesellschaft für Internationale
Zusammenarbeit, 2010, Page 6
http://www.wwf.de/fileadmin/fm-wwf/Publikationen-PDF/Fingerprinting_conf_rep_EN.pdf
[vii] Sur
la base des coûts cités par le Thünen Institute sur son site Internet
en mars 2016.
[viii] Degen,
B. & Bouda, H., ‘Verifying timber in Africa’, ITTO Tropical Forest Update
24/1, 2015.
[ix] Adam Grant, Ruth Nogueron and Craig Hanson, Q&A Fiber Testing-Paper and The Lacey Act, World Resources Institute blog, 2011 http://www.wri.org/blog/2011/01/qa-fiber-testing-paper-and-lacey-act
L’utilisation des données du commerce
La plupart des pays importateurs et exportateurs publient
des données du commerce. Ces dernières fournissent des informations agrégées
sur les quantités et les valeurs du commerce de certaines catégories de
produits, entre certains pays, pour chaque mois ou chaque année. Dans certains
cas, les données peuvent être ventilées par port ou par région d’origine.
Bien qu’elles ne puissent pas être utilisées pour repérer
des liens dans la chaîne d’approvisionnement au niveau des sociétés, ces
informations peuvent être utilisées pour choisir les pays étrangers pour
lesquels une chaîne d’approvisionnement donnée (quand on travaille à partir de
la source) devrait faire l’objet d’enquêtes ou pour aider à identifier les
chaînes d’approvisionnement dignes d’intérêt (quand on travaille à partir de la
destination). La comparaison des données d’exportation d’un pays avec les
données d’importation d’un autre pays peut également révéler des incohérences
indiquant l’existence d’un commerce illégal. S’il existe des différences entre
le volume enregistré comme quittant un pays et le volume enregistré comme
arrivant à la destination signalée, cela peut indiquer que du bois est vendu
clandestinement ou blanchi, ou encore que les volumes et les valeurs sont mal
enregistrés. Par exemple, au début des années 2000, des incohérences dans les
données douanières entre les exportations de grumes au départ de l’Indonésie et
de la Malaisie et les importations de grumes par la Chine ont révélé que des
grumes indonésiennes avaient été sorties clandestinement du pays et faussement
déclarées comme provenant de Malaisie à l’arrivée en Chine [voir Étude
de cas 10].
Les données du commerce sont ventilées par codes des
douanes. Ces codes correspondent à des catégories spécifiques de produits du
bois. Il est important de comprendre ces codes pour analyser les données du
commerce et interroger les bases de données des registres des marchandises
[voir L’obtentiondes informations à partir des registres de marchandises]. Les codes sont
normalisés à l’échelle internationale grâce au système harmonisé (SH). Le
nombre de chiffres dans le code indique le niveau de précision. Les six
premiers chiffres sont normalisés à l’échelle internationale, tandis que chaque
pays peut détailler un peu plus les codes en utilisant des sous catégories de
huit ou dix chiffres. Par exemple, le bois est classé sous le chapitre SH 44,
le bois de sciage est classé sous le code SH 4407, le bois de sciage des
principales essences de bois tropical sous le code SH 440729 ; et
l’Indonésie classe le bois de sciage du ramin sous le code SH 4407295900.
La probabilité qu’une essence ou un produit spécifique fasse
l’objet d’un code à huit ou dix chiffres dans un pays donné dépend du volume du
commerce. En général, les pays producteurs de bois fournissent une
décomposition plus détaillée que les pays importateurs. Pour la détection des
infractions et le ciblage des recherches, les ventilations des codes des
douanes pour les produits du bois sont plus utiles pour les grumes, le bois de
sciage et le contreplaqué (pour lesquels les différentes essences ont souvent
leur propre code) que pour les biens issus d’une transformation plus poussée
comme les meubles.
Les données commerciales actualisées des importations mensuelles vers les États-Unis et les pays membres de l’UE sont disponibles gratuitement sur des bases de données fournies respectivement par USITC et Eurostat. Les données annuelles et parfois mensuelles des importations et des exportations sont disponibles pour la plupart des autres pays à un niveau de code SH de six chiffres via la base de données UNCOMTRADE. D’autres pays ont leurs propres bases de données gratuites. Des abonnements à des services payant tels que World Trade Atlas fournissent des données supplémentaires non disponibles ailleurs.
L’identification des fournisseurs grâce aux codes de certification
De nombreux produits dérivés du bois sont certifiés de façon
indépendante s’ils remplissent certaines normes nationales, régionales ou
internationales de qualité, de durabilité, ou d’hygiène et sécurité. La marque
« CE » pour les fournisseurs de l’Europe, la certification
« CARB » pour les fournisseurs des États-Unis, la certification
« JAS » pour les fournisseurs du Japon et la certification de
durabilité « FSC » en sont quelques exemples. Un code unique est
attribué à chaque fournisseur certifié dans l’un de ces systèmes. Lorsque
l’identité d’un fournisseur n’est pas indiquée dans le marquage, l’emballage ou
les documents accompagnant le bois, ou encore dans les bases de données des
marchandises, il est fréquent que l’un de ces codes y figure néanmoins. Ce code
peut ensuite être recoupé avec les listes des fournisseurs certifiés qui sont
ouvertes au public ou peuvent être obtenues auprès de sociétés de
certification. Il peut ainsi être utilisé pour identifier indirectement le
fournisseur. En 2007, par exemple, Greenpeace a utilisé cette
méthode pour faire le lien entre du bois en contreplaqué en vente aux Pays-Bas
et des fabricants chinois soupçonnés d’utiliser du bois illégal provenant de
Papouasie Nouvelle-Guinée.[i]
[i] Greenpeace International, Partners in Crime: How Dutch timber traders break their promises, trade illegal timber and fuel destruction of the paradise forests, Crime file, April 2007, http://www.greenpeace.nl/Global/nederland/report/2010/6/partners-in-crime-how-dutch.pdf
L’enregistrement clandestin de preuves
Bien que les méthodes d’enregistrement clandestin (telles
que les caméras cachées) sont le plus souvent associées à des réunions ou visites
de sociétés sous couvert (ce qui ne devrait pas être fait sans formation
spécialisée préalable), la connaissance des méthodes pour réaliser des
enregistrements clandestins et du matériel nécessaire peut être utile dans
d’autres contextes. Ils sont utiles quand des contacts sous couvert sont pris
avec des sociétés par téléphone, et pour rendre compte de témoignages obtenus
au cours de conversations informelles avec des bûcherons et des chauffeurs de
camions au cours de visites de terrain. Les enregistrements clandestins ou semi
clandestins peuvent également être utiles pour réduire le risque au cours de
l’enregistrement de preuves visuelles sur le terrain, où la prise de
photographies ou de vidéos peut attirer trop d’attention ou susciter la
méfiance.
Des enregistreurs vocaux peuvent être utilisés pour enregistrer des conversations téléphoniques en les tenant sur l’oreille et pour enregistrer des entretiens informels s’ils sont cachés dans une poche ou un sac. Des vidéos peuvent être réalisées clandestinement en utilisant des téléphones portables adaptés, des sacs équipés à cet effet ou même en utilisant des objectifs placés sur le corps. Elles peuvent être utilisées pour enregistrer des conversations, des documents, des marquages de grumes et d’autres informations découvertes sur le terrain, sans se faire remarquer autant qu’en filmant ouvertement. Des images fixes peuvent être tirées de vidéos clandestines. Avec de l’entrainement, les appareils photo et caméras peuvent être utilisés semi clandestinement, en les tenant au niveau de la taille et en prenant des photos/enregistrant sans regarder. Les smartphones peuvent être utilisés pour prendre des photos subrepticement en prenant bien soin de les mettre en mode silencieux et sans flash. Quel que soit l’équipement utilisé, il est essentiel de bien s’entraîner préalablement et de s’assurer que les cartes mémoires sont vides et les batteries rechargées avant chaque réunion.
Le marquage des grumes
Dans tous les pays producteurs de bois, il existe des règles
et réglementations imposant l’utilisation de marquages au bout de toutes les
grumes. Les sociétés qui récoltent ou vendent des grumes peuvent utiliser
d’autres marquages qui ne sont pas imposés par la loi. Il est très utile de
connaître ses marquages et de savoir les déchiffrer lorsque l’on enquête sur
les infractions et que l’on veut suivre la chaîne d’approvisionnement.
Le marquage des grumes peut se faire avec des étiquettes, de
la peinture ou à l’aide d’un marteau forestier (des lettres et des chiffres
sont imprimés dans le bois en utilisant un marteau spécial). Les marquages
indiquent généralement le nom et/ou le numéro de permis de la zone d’où
provient la grume. Ils peuvent également indiquer (à l’aide d’un code)
l’endroit précis où a été abattu l’arbre dans la concession. Dans certains cas,
ils peuvent même être propres à un seul arbre, dont la souche doit être marquée
du même code. Le nom de la société est rarement indiqué dans sa totalité mais
le marquage l’identifie généralement par ses initiales ou un code. Des
marquages différents sont apposés sur le bout des grumes à différents stades du
processus d’extraction, de transport et d’exportation. Les grumes exportées
peuvent présenter des marquages supplémentaires ou logos identifiant la société
d’exportation. Certains marquages obligatoires ne peuvent être apposés que par
des représentants des autorités, mais la responsabilité du marquage incombe
généralement à la société et les autorités procèdent à des vérifications
occasionnelles.
Dans le cas le plus simple, l’absence des marquages
obligatoires peut prouver que le bois a été récolté de façon illégale. Le plus
souvent, les marquages peuvent être utilisés pour remonter à partir des grumes
vers des endroits où il existe une exploitation illégale avérée par ailleurs.
De faux marquages de grumes peuvent également être utilisés pour blanchir des
grumes illégales. Ils peuvent être apposés sur les grumes dès le début ou les
marquages d’origine peuvent être enlevés et remplacés. En 2013, par exemple,
dans un port de République démocratique du Congo, Greenpeace a
assisté à la coupe de l’extrémité de grumes de source illégale pour y apposer
un nouveau marquage à la peinture. Bien qu’il soit possible pour des
enquêteurs indépendants de révéler de telles pratiques, seuls des
observateurs bénéficiant d’un mandat officiel peuvent avoir l’accès nécessaire
aux grumes et aux documents associés pour pouvoir révéler les fraudes
systématiques.
Les drones
Jusqu’à récemment, la prise de photos aériennes nécessitait
l’utilisation d’avions et d’hélicoptères habités et leur prix était prohibitif.
Les avancées technologiques rapides de « drones » inhabités ont
toutefois changé radicalement les possibilités dans l’utilisation des
photographies aériennes pour les recherches de terrain. En raison de l’altitude
peu élevée à laquelle ils peuvent voler, ils offrent des images aériennes d’une
résolution inconcevable pour des images satellites (à l’heure actuelle). Les
drones présentent ainsi un potentiel énorme pour l’observation des zones
forestières reculées, que ce soit pour observer la biodiversité ou
l’exploitation illégale des forêts.
Les drones (aussi appelés « UAV » pour Unmanned
Aerial Vehicle en anglais, soit véhicule aérien sans
pilote) peuvent être divisés en deux grands types : les drones à
ailes fixes et les quadcoptères. Les premiers sont plus onéreux, nécessitent
davantage de compétences et sont plus difficiles à déployer mais ils peuvent
couvrir de grandes surfaces. Les deuxièmes sont peu chers, faciles à déployer
et rapides à mettre en marche mais ont une faible portée. De façon générale,
les drones à ailes fixes ont jusqu’ici été utilisés dans l’observation des forêts
pour élaborer des cartes, alors que les quadcoptères ont été utilisés comme
outils plus simples de documentation. Dans de nombreux pays, l’utilisation des
drones est de plus en plus régulée. Les enquêteurs devraient vérifier la
réglementation locale concernant leur utilisation au moment de mener leurs
investigations car la réglementation en la matière change rapidement.
Les drones à ailes fixes
Depuis au moins 2012, les défenseurs de l’environnement ont
testé l’utilisation des UAV à ailes fixes pour l’observation à distance. Ces
véhicules volants légers qui peuvent héberger des caméras et un appareil GPS et
prendre des images géo-référencées, sont un outil très efficace d’observation
de zones reculées et inaccessibles. Ils peuvent voler le long de parcours
prédéterminés ou être contrôlés à distance et parcourir 100 km par trajet.
Contrairement aux quadcoptères (voir ci-dessous) les drones
à ailes fixes pouvant être utilisés pour surveiller les forêts ne sont pas en
vente libre et demande d’être adaptés à cet usage. Leur utilisation requiert
aussi une bonne connaissance et de l’expérience. Toutefois, beaucoup de
conseils sont disponibles sur Internet et il existe des organisations
spécialisées telles que Conservation Drones qui peuvent
également fournir des conseils sur leur utilisation. En conséquence, le prix
des drones à ailes fixes baisse de plus en plus, ce qui rend ces appareils
accessibles aux ONG et même aux communautés locales, pour observer
leur territoire. En 2014, le programme de conservation
des orangs outangs de Sumatra et Conservation Drones ont fait
survoler deux fois le parc national de Gunung Leuser, à quelques mois
d’intervalle. Les images obtenues, qui sont géo-référencées, révèlent des
preuves d’exploitation illégale qui n’auraient peut-être pas été visibles au
cours de recherches sur le terrain ou des patrouilles à pied, même proches de
la zone concernée. Les preuves ont été présentées aux autorités du parc qui ont
pris des mesures pour arrêter l’exploitation.[i]
Les quadcoptères
Les ventes de petits quadcoptères télécommandés équipés de
caméras ont augmenté de façon spectaculaire.
Les quadcoptères sont peu chers et extrêmement faciles à
utiliser. De nombreux modèles de capacité diverse sont en vente libre et
peuvent être utilisés sans adaptation particulière pour l’observation des
forêts. Après une matinée de lecture et une après-midi de pratique, la plupart
des utilisateurs peuvent devenir assez habiles dans leur utilisation. Les
quadcoptères ne peuvent pas être utilisés sur des distances aussi importantes
que les drones à ailes fixes, mais cela est compensé par leur facilité
d’utilisation et leur capacité à faire du surplace. La plupart du temps ils
sont pilotés à vue, par télécommande, ce qui contraste avec les trajets
prédéterminés que survolent les drones. Cela conduit à couvrir des zones moins
étendues et d’obtenir des images qui ne sont pas toujours géo-référencées.
Toutefois, ce sont de précieux outils auxiliaires de travail
sur le terrain. Ils peuvent être déployés en quelques minutes et offrent une
vue aérienne de la situation au sol. Ils peuvent être utilisés pour observer
des scieries et des activités d’exploitation forestière tout en gardant une
distance de sécurité. Comme les drones, ils peuvent suivre un itinéraire tracé
en ajoutant un simple logiciel au système.
[i] http://conservationdrones.org/2014/09/30/illegal-logging/
GPS, photographie et Open Data Kit
Les images haute-résolution
Les sources d’information en ligne
Une grande quantité de données est disponible sur Internet,
même pour des pays peu transparents. Une utilisation relativement simple des
moteurs de recherche peut donner accès aux permis et à des informations de fond
sur les sociétés et peut permettre d’identifier les voies d’accès au marché.
Toutefois, afin de s’assurer que toutes les pistes possibles ont été explorées,
il est nécessaire d’adopter de bonnes pratiques pour chercher où il faut et
comme il faut.
Quand les premières recherches fournissent un nombre énorme
de résultats intéressants, il est essentiel de recourir à l’utilisation
intelligente de mots clés pour se concentrer sur les informations importantes.
Les recherches peuvent être limitées aux seuls résultats des organismes
gouvernementaux concernés par exemple ou sur les résultats contenant un certain
type de fichiers intéressants comme les fichiers Excel ou PDF. Les recherches
peuvent également être formulées de façon à n’obtenir que les résultats
contenant à la fois le nom d’une société et un type spécifique de permis. La
plupart des moteurs de recherche ont des formulaires de recherche avancée qui
peuvent être utiles, mais il est habituellement possible de limiter les
recherches plus facilement en ajoutant des mots dans le champ de recherche
principal (par exemple, en ajoutant « site :[nom de domaine] »
pour limiter les résultats à ce domaine)
Il est important de garder à l’esprit que les moteurs de
recherche sont des outils imparfaits. Certaines informations peuvent être
trouvées par l’un, mais pas par l’autre. Il peut donc être utile d’en utiliser
plusieurs. Certaines informations ne peuvent être détectées par aucun moteur.
Il s’agit des informations accessibles seulement via des formulaires de
recherche sur certains sites (telles que les informations des membres sur les
sites Internet des systèmes de certifications comme le FSC ou les bases de
données d’anciens articles sur les sites des journaux), des informations
accessibles exclusivement après inscription (telles que les bases de données
officielles du gouvernement sur les registres de propriété et informations
financières des sociétés) et les archives d’anciens sites web. Il est également
important de se souvenir que les informations obtenues en ligne peuvent ne pas
être fiables ou à jour.
Les principales sources d’information sur les permis ou les sociétés seront souvent les sites Internet des gouvernements, des sociétés, des ONG et de certificateurs. Cependant, d’autres sources en ligne sont tout aussi précieuses, voire davantage, pour trouver d’autres types d’informations. Par exemple, les grosses sociétés de commerce en ligne telles qu’Alibaba.com peuvent être une source incontournable d’informations si elles sont utilisées par une société sur laquelle on recherche des informations. Quand les recherches se concentrent sur une zone ou une essence particulière, ces sources peuvent également être utilisées pour identifier les cibles. Elles peuvent fournir des pistes à suivre pour mener des enquêtes clandestines sur le commerce [voir Section 9]. Les plateformes des média sociaux peuvent également fournir des renseignements. Il peut s’agir de renseignements sur les sociétés, mais ce sont généralement des informations sur les individus. Facebook et LinkedIn en particulier peuvent s’avérer des outils précieux pour identifier les liens entre individus. De là, on peut identifier les liens entre sociétés, les relations commerciales et même la corruption.
La liberté d’information
Des APV sont en cours de négociation avec d’autres pays d’Amérique latine, d’Afrique et d’Asie. Le texte final des APV, y compris les annexes, se trouve sur le site Internet FLEGT de l’UE.[i]
[i] http://www.euflegt.efi.int/vpa-text-and-annexesDévelopper une histoire factice à utiliser dans les enquêtes sous couvert
Lorsque l’on essaie d’obtenir des informations sur une
société en utilisant des méthodes sous couvert, il faut décider au cas par cas
de la nature de l’histoire factice utilisée en fonction (entre autres) de la
nature de la société et des informations principales recherchées. Se faire
passer pour un acheteur potentiel est un scénario assez évident, mais une autre
option consiste à de se faire passer pour un chercheur universitaire.
L’avantage du premier scénario est que la société sera plus encline à donner de
son temps si elle sent une vente potentielle. L’inconvénient c’est qu’il est
facile de se faire prendre (plus probablement pour quelqu’un qui leur fait
perdre leur temps, plutôt que pour un enquêteur) si les détails et le langage
utilisés ne sont pas ceux utilisés par la profession. Par contre, il est peu
probable que les sociétés (surtout les moins légitimes) soient prêtes à perdre
leur temps avec un chercheur universitaire. Mais si elles le font, il n’a pas
besoin de prétendre connaître la profession. Des questions évidentes, même
directes, peuvent être posées, y compris sur la légalité et la corruption. Il
est également moins probable que la personne interrogée exagère ou mente, comme
elle pourrait le faire pour impressionner un acheteur potentiel.
Une fois qu’une décision a été prise sur l’histoire à
utiliser, les enquêteurs devraient se renseigner pour s’assurer qu’ils peuvent
avoir l’air crédible. S’ils se font passer pour des acheteurs, par exemple, ils
devront avoir une bonne connaissance du type de produits que les consommateurs
pourront acheter et des questions qu’ils peuvent poser raisonnablement sans
susciter les suspicions. Souvent un enquêteur se faisant passer pour un
acheteur cherchera à obtenir des informations qui ne sont pas normalement
requises, telles que l’origine du bois utilisé dans les produits (y compris des
copies de documents) ou l’identité des clients. C’est pourquoi de fausses
justifications doivent être trouvées pour étayer leur histoire.
Ils devront peut-être aussi étoffer leur identité pour
pouvoir expliquer qui ils sont à la société qu’ils contactent. Ils devront
peut-être se procurer une adresse email spécifique et potentiellement même
créer un faux site Internet. Selon les circonstances dans lesquelles la société
a été identifiée, les enquêteurs devront peut-être aussi avoir une histoire
prête pour expliquer comment ils ont découvert la société et obtenu les
coordonnées utilisées.
Dresser le profil d’une société
La plupart des informations nécessaires pour créer un profil de société se trouvent sur Internet [voir Les sources d’information en ligne]. Si une société est cotée en bourse, elle publiera pour la bourse nationale des valeurs ou dans ses rapports annuels des informations utiles. Les sites Internet des sociétés, les rapports de médias (y compris les revues financières et commerciales), les documents et permis publiés par le gouvernement ou les plateformes d’achats de produits du bois sont autant de sources d’information en ligne. Dans certains cas, il est possible qu’il existe peu d’informations en ligne, mais les informations peuvent être obtenues au cours des recherches de terrain, et en particulier au cours des entretiens avec les communautés et les employés [Voir Les recherches de terrain]. Les entretiens menés soit ouvertement, soit sous couvert [Voir Les enquêtes sous couvert]avec d’autres sociétés intervenant dans le secteur, peuvent être révélateurs. Occasionnellement, les sociétés peuvent également être prêtes à livrer des informations sur leurs concurrents.
Comprendre aussi bien que possible la nature d’une société peut fournir de nouvelles pistes d’investigation, notamment en termes de chaîne d’approvisionnement, et révéler d’autres formes d’illégalités. Dans certains États, par exemple, il est illégal pour des personnes étroitement liées à des hommes ou femmes politiques (individus connus sous le nom de « personnes politiquement exposées ») de tirer avantage de l’attribution de ressources naturelles. Cela peut mener à des nouveaux moyens de pression. Par exemple, certaines banques ou fonds d’investissement vont désinvestir ou suspendre leurs relations avec les sociétés exposées à l’illégalité, ce qui peut les inciter à changer [voir Étude de cas 2]. Des recherches en ligne sur les antécédents peuvent permettre de dévoiler non seulement des affiliations politiques et d’autres intérêts commerciaux, mais aussi des activités corrompues ou criminelles dans le passé ou des violations des droits de l’homme ou de l’environnement liées à une concession ou une scierie. Tout cela fournit un contexte précieux à l’enquête. Par exemple, si des intérêts politiques puissants sont impliqués, cela pourrait expliquer pourquoi les exploitants illégaux ont pu agir en toute impunité. Cela peut également aider à identifier les risques que l’on peut rencontrer sur le terrain.L’atténuation des risques au cours de recherches sur le terrain
Contacts
Les contacts utiles sont accessibles ci-dessous, y compris
pour les agences et les organismes ayant des responsabilités dans la mise en
œuvre et l’application du Règlement sur le Bois de l’Union Européenne (RBUE) et
de la loi Lacey. Les communautés, groupes d’activistes et la société civile
peuvent directement entrer en relation avec ces organismes afin de partager des
informations pertinentes. Toutefois, afin que vos informations soient
transmises à la personne la plus appropriée et qu’elles retiennent toute
l’attention nécessaire, nous recommandons que vous contactiez d’abord
Earthsight car nous pouvons vous mettre en relation avec les personnes clés.
Autorités Compétentes RBUE
Chaque pays de l’UE a désigné une « autorité compétente »
chargée de la mise en œuvre du RBUE. En cas d’informations pertinentes à
partager concernant du bois illégal ou à haut risque destiné à ce pays, les
communautés et groupes d’activistes doivent contacter ces autorités. Une liste
complète des contacts des Autorités compétentes des 28 États membres – en plus
de la Norvège qui met en œuvre le RBUE par son adhésion à l’EEE, est
disponible ici.
Les noms des personnes spécifiques au sein des Autorités compétentes sont
également disponibles ici.
Commission Européenne
Même si la Commission européenne ne joue pas un rôle direct
en matière d’application de la loi, elle participe au contrôle de la mise en
œuvre du RBUE. Elle fournit également des recommandations officielles
concernant l’interprétation de la loi et est responsable du maintien d’une
liste « d’organismes de contrôle » agréés pour aider les entreprises à
mettre en pratique la diligence raisonnable dans leurs achats de bois. Plus
d’informations et des coordonnées sont disponibles ici.
”Organismes de contrôl” RBUE
Le RBUE reconnaît formellement la compétence «
d’organismes de contrôle ». Ce sont des entreprises agrées qui assistent
formellement les négociants en bois et de produits dérivés du bois, en
fournissant un système de diligence raisonnable approprié et en évaluant leur
mise en œuvre. Ces organismes de contrôle sont tenus de signaler aux autorités
compétentes du pays concerné les échecs répétés à appliquer une diligence
raisonnable. Les autorités compétentes, à leur tour, sont responsables de
vérifier les activités des Organismes de contrôle et de les pénaliser en cas de
violation de leurs responsabilités en vertu du RBUE. Une liste des Organismes
de contrôle et des pays dans lesquels ils sont autorisés à fonctionner est mise
à jour ici par
la Commission européenne.
Le FLEGT Facility d’EFI
Le European Forest Institute (EFI) gère l’EU FLEGT Facility
au nom de l’Union européenne, visant à mettre en œuvre le Plan
d’action relatif à l’application des réglementations
forestières, à la gouvernance et aux
échanges commerciaux (FLEGT) dont le RBUE fait partie élément. Le rôle
principal du Facility est de négocier et mettre en œuvre des Accords de
partenariat volontaire (APV-FLEGT) entre l’UE et les pays producteurs de bois.
Son site internet fournit des
conseils et des informations sur le RBUE. Il emploie du personnel pour
chaque pays producteur négociant ou mettant en œuvre un APV. Les coordonnées
sont disponibles ici.
US Fish & Wildlife Service (USFWS)
Le Office of Law Enforcement de la Fish and Wildlife Service
américain est chargé de faire appliquer les amendements de la Loi Lacey. Des
coordonnées sont disponibles sur leur site internet.
APHIS
Le Animal and Plant Health Inspection
Service est chargé de faire respecter la mise en œuvre de l’obligation de
Plant Declaration en vertu de la loi Lacey. Plus d’informations et des
coordonnées sont disponibles sur les pages
internet APHIS ou loi Lacey.
Justice Department
La Section des crimes environnementaux du Environment and
Natural Resources Division of the Department of Justice américain est
l’organisme responsable de juger les infractions à l’encontre de la loi Lacey.
Les coordonnées de la division et le nom du chef de Section sont disponibles
sur le site internet ici.
Australian Illegal Logging Prohibition
L’Australie a adopté une loi similaire au Lacey Act et au
RBUE en 2012. La loi est connue sous le nom de Australian Illegal Logging
Prohibition Act. Toute personne ayant des informations concernant le bois
illégal à destination de l’Australie est doit contacter les autorités
compétentes. Plus d’informations et des coordonnées sont disponibles ici.
Client Earth
Client Earth est une ONG européenne assistant les organisations de la société civile dans la collecte et la présentation des informations concernant le RBUE. Leurs équipes d’avocats professionnels sont particulièrement bien placés pour conseiller sur la formulation juridique de préoccupations concernant du bois illégal. Plus d’information sur le RBUE et des coordonnées sont accessibles depuis leur site internet. Une vidéo d’animation expliquant l’importance des éléments de preuve fournis par les communautés et les militants dans la mise en œuvre du RBUE est disponible ici.
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